En décembre dernier, des tests de transferts de données à 100 Gbit/s ont été réalisés avec succès sur la fibre CC-IN2P3 – CERN. Dany Vandromme, directeur du Réseau national de télécommunications pour la technologie, l’enseignement et la recherche (RENATER), revient sur le contexte de ces expérimentations.
- Quel était l’objectif des tests réalisés en décembre dernier par RENATER ?
L’objectif de ces tests était de valider la maturité technique de la transmission à 100 Gbit/s et leur caractère non-perturbant pour les canaux WDM 10 Gbits/s qui forment aujourd’hui l’infrastructure de RENATER déjà en place. Grâce à la technologie Wavelength Division Multiplexing, permettant de faire cohabiter plusieurs longueurs d’onde sur une même fibre, nous avons pu tester un canal à 100 Gbit/s par simple ajout d’une longueur d’onde supplémentaire sur nos fibres, et ceci sans modifier l’infrastructure actuelle.
- Pourquoi ces tests ont-ils été réalisés sur cette fibre CC-IN2P3 - CERN ?
Plusieurs raisons expliquent ce choix. Tout d’abord, nous maîtrisons les deux extrémités de cette fibre, avec des deux côtés du matériel Ciena. D’autre part, la fibre Lyon – Genève longue d’environ 220 km est d’une dimension réaliste pour ce genre de tests.
Par ailleurs, nous connaissions la capacité du CC-IN2P3 et du CERN à générer du trafic réel correspondant à ces débits sans devoir agréger massivement des petits flux. Lors de ces tests, le trafic de production entre le CC-IN2P3 et le CERN a ainsi été temporairement passé avec succès sur le canal à 100 Gbit/s.
Le calcul intensif et la physique des hautes énergies faisant partie des priorités de la politique générale de RENATER, le CC-IN2P3 était donc un bon candidat pour des tests à 100 Gbit/s.
- Quelles perspectives, le succès de ces tests laisse t-il entrevoir ?
La construction de liens dédiés pour le transfert massif de données et/ou la création de cœurs de réseaux maillés pour quelques grandes communautés scientifiques comme la physique ou le calcul numérique intensif dans un premier temps, est une perspective prochaine pour RENATER.
Nous envisageons d’équiper les fibres Paris-Lyon-Marseille, qui constituent les segments du réseau les plus utilisés.
- Peut-on envisager une mise en service rapide de réseaux pérennes à ce débit et à grande échelle ?
Oui, mais cela dépendra fortement du contexte financier. RENATER, comme tous les opérateurs de l’État doit faire face à une contraction budgétaire significative, et les équipements 100G doivent encore voir leur coût diminuer pour être avantageux, à comparer à des réseaux en 10x10G.
Pour plus d’informations sur le sujet, voir le communiqué de presse.

Point de présence RENATER et baie 100Gb/s au CC-IN2P3 © CC-IN2P3/CNRS
PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE SHIFRIN