Les JDEV, les Journées nationales du DÉVeloppement logiciel, sont organisées par DEVLOG, le réseau des développeurs dans le monde de l’éducation-recherche. Elles se veulent avant tout un lieu de rencontre et de partage de compétences des développeurs de cette communauté. La première édition de 2011, alors que le réseau DEVLOG n’était pas encore officiellement en place, avait reçu une adhésion inattendue. Elles avaient rassemblé plus de 200 développeurs à Toulouse. L’IN2P3 avait fourni un dixième de la participation.
Cette année, les JDEV2013 ont eu lieu du 4 au 6 septembre à l’École Polytechnique. On a compté plus de 540 inscriptions. Ce chiffre montre bien le besoin de la communauté du développement dans le monde de la recherche de se rencontrer pour mieux se connaitre et partager ses expériences. Une enquête de satisfaction a révélé 95% de satisfaits, d’où le titre de cet article.
Les JDEV, un évènement DEVLOG
Les JDEV sont d’abord un évènement du réseau DEVLOG, elles ne sont pas une conférence de plus sur le développement. Un accent particulier est mis sur la vocation première de DEVLOG : améliorer la pratique de la production de logiciel au sein de notre communauté. Pour cela, les JDEV présentent trois facettes : la pratique des outils et des méthodologies état de l’art du développement logiciel (les ateliers), l’échange d’expérience (les groupes de travail) et la mise au contact avec des technologies émergentes (les présentations).
Huit thématiques
Cette édition a défini huit thématiques : l’ingénierie des besoins logiciels, les communautés open-source, les systèmes embarqués, les outils de construction du logiciel, méthodes agiles, les tests logiciel, développer pour calculer, le développement web. Un total de près de 100 intervenants, orateurs ou animateurs d’atelier ou de groupe de travail, a été orchestré par les responsables des thématiques. Ces huit thématiques se déroulaient en parallèle pendant les quatre demi-journées centrales. Le programme ainsi offert était, de l’avis général, très riche. Trop riche même diront certains : au moment de l’inscription au “parcours personnalisé”, beaucoup ont eu à faire des choix cornéliens, et auraient eu besoin de deux voire trois JDEV pour suivre tous les ateliers, groupes de travail et présentations qui les intéressaient.
Les plénières
À côté d’intervenants venant majoritairement d’Inria, faisons un petit coup de projecteur sur une présentation qui a tenu ses promesses : Bertrand Meyer, l’auteur du langage Eiffel, a déployé ses talents d’orateur pour une charge souvent humoristique sur le développement agile. Il a tenté d’en dégager les réels apports au milieu d’un certain battage médiatique, à la lumière, de son aveu même, d’un regard solide, certes plus du XXe siècle que contemporain. Si vous n’avez le temps de visionner qu’une présentation, je vous conseille celle-là. La dernière demi-journée a permis de réfléchir ensemble à l’avenir de DEVLOG. En particulier, à la suite de la dissolution de la MRCT et de la reprise du soutien aux réseaux métier du CNRS par la Mission à l’Interdisciplinarité (MI), Vanessa Tocut a fait une présentation très claire sur les attentes de la direction du CNRS vis-à-vis de ces réseaux.
Une participation forte de l’IN2P3
Comme pour les JDEV2011, les participants venant de l’IN2P3 représentaient quasiment un dixième du total. Certes, la proximité géographique du LLR et des laboratoires d’Orsay et de Paris expliquent en partie ce chiffre élevé. Mais l’implication de l’IN2P3 a été aussi très forte au niveau de l’organisation, de la définition du programme et du nombre d’intervenants, encore plus qu’à Toulouse en 2011. Je tiens ici à souligner l’engagement exceptionnel de David Chamont et de son équipe au LLR dans quasiment tous les aspects de la construction de ces JDEV. Je me rappelle sa déclaration quand nous avons appris que ces JDEV allaient se dérouler à Polytechnique : “J’aurais du mal à ne pas m’impliquer dans un évènement majeur du développement qui se tient “sous mes fenêtres” !”. Il a alors relevé le défi d’assumer la responsabilité du comité local d’organisation, le début d’une petite aventure partagée notamment avec quelques-uns des animateurs du réseau local LoOPS. Malgré quelques moments proches du découragement, probablement inévitables dans ce genre d’entreprise, nous gardons tous le souvenir d’un vrai travail d’équipe propre à favoriser à l’avenir d’autres collaborations entre les laboratoires locaux participants (LLR, LAL, IAS, LPT, et même DSI !).
La T4
Comme il a été dit précédemment, toutes les thématiques étaient riches et ont rencontré leur “public”. Mais il est impossible ici de rendre justice à toutes, et on me pardonnera de donner un petit coup de projecteur sur la T4 - les outils de construction du logiciel - qu’Antoine Pérus et moi-même avons pris en charge. Notre ambition était de promouvoir certains “gestes” du développement logiciel par le biais de la pratique de quelques outils utiles à la mise en place d’une chaine de production de logiciel maitrisée. Pour illustrer cette démarche :
• Les ateliers :
Eclipse (comme pivot d’outils d’intégration continue),
explicitation de workflow de développement à l’aide de systèmes de gestion de codes distribuée,
production de document(ation) avec Sphinx,
déploiement sur le cloud avec SlipStream,
qualité du code avec Sonar et la gestion de la dette technique,
(re)construction de logiciel moderne avec WAF (merci Maude d’avoir relevé le défi !).
• Les groupes de travail/tables rondes autour de
l’utilisation de forges logicielles,
les outils permettant de contrôler un développement en programmation visuelle (à la LabView),
les outils supportant l’approche DEVOPS de mise en production de logiciels développés avec une méthode agile.
• Enfin, les présentations ont repris plusieurs de ces thèmes, en y ajoutant une technologie “état de l’art”, LLVM, qui soutend tout une nouvelle génération de compilateurs et d’outils associés (analyse de code, deboggage, refactoring, ...)
Les autres interventions de l’IN2P3
Les JDEV peuvent être considérées comme une école avec 500 participants, et à ce titre, contrairement aux JRES par exemple, ne lancent pas d’appel à contribution pour des présentations. Nous avons voulu quand même que les JDEV soient l’occasion pour ceux et celles qui le désiraient de présenter leurs travaux de développement à leurs pairs, par le biais de posters. Après des débuts un peu incertains, nous avons fini par approcher les 50 posters ! Là aussi, l’IN2P3, ou plutôt le RI3 en comptant nos amis de l’IRFU, a tenu son rang : 8 posters, on dépasse les 10% ! Une mention spéciale pour un poster “lourd” : le mur(ino) d’images de Guy Barrand, qui a été transporté du LAL dans le hall de Polytechnique pour l’occasion.
Le programme social et l’intégration de la promo 2013
Un programme social permanent, centré sur les arts numériques, a été proposé par Karin Dassas de l’IAS. Il a culminé par un concert étonnant de chercheurs du LIMSI qui savent mêler intimement leurs dons musicaux avec leur recherche. Pour l’anecdote, nous avons assisté à un évènement surprenant par bien des aspects : la “semaine d’intégration” des élèves (très) fraichement reçus au prestigieux concours d’entrée à l’X. Assister à la”mise au pas” de ces futurs cadres de la nation par l’armée est une expérience rare qu’il sera difficile de reproduire lors des prochaines éditions des JDEV.
Et maintenant ?
Un coup d’œil au site des JDEV2013 permet de se convaincre aisément de la richesse des échanges au cours de ces trois jours. Le travail des équipes de webcast du CC-IN2P3 et du LAL, remarquable comme on y est maintenant habitué, permet de revivre une partie, hélas partielle, de ces JDEV. On a fait aussi appel aux services de Cosmovia de l’APC pour compléter ces retransmissions/enregistrements, car les présentations des thématiques parallèles se déroulaient dans deux amphis différents simultanément. La perspective d’organiser les JDEV2015 représente un nouveau défi. Je suis sûr que l’IN2P3 y tiendra à nouveau toute sa place.
Merci à Antoine Perus et David Chamont pour leur contribution à cet article.
Christian HELFT