- Ursula, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Comme beaucoup d’Allemandes, je suis arrivée en France comme jeune fille au-pair pour une année à l’étranger après le bac. Mais j’ai voulu rester et j’ai fait du coup mes études supérieures à l’Université Pierre et Marie Curie. Après un doctorat en physique des particules, j’ai poursuivi mes recherches au LPNHE (Laboratoire de Physique nucléaire et des Hautes Energies) à Paris sur la structure du proton auprès de HERA (Hadron Electron Ring Anlage) à DESY (Deutsches Electronen Synchrotron), Hambourg, l’unique collisionneur électron-proton jamais construit.
En 1998, j’ai fait partie d’un groupe de chercheurs de l’IN2P3 qui ont rejoint l’expérience DØ auprès du Tevatron à FNAL (Fermi National Accelerator Laboratory) près de Chicago. Ce collisionneur proton-antiproton qui produisait les collisions les plus énergétiques avant que le LHC n’en prenne la relève. A DØ, j’ai travaillé sur le calorimètre, en particulier le système de calibration en ligne et la physique du top. En 2005, j’ai été nommée directrice adjointe au LPNHE et, entre 2007 et 2013, chef du service de physique des particules à l’Irfu au CEA. Depuis janvier, j’ai donc pris mes nouvelles fonctions en tant que DAS pour la physique des particules et le calcul à l’IN2P3.
- Comment s’organisent les responsabilités du calcul entre vous et Giovanni Lamanna ?
Giovanni fait tout le travail, et moi je dis oui ☺. Plus sérieusement, c’est ensemble avec Giovanni que nous réfléchissons à la stratégie à adopter pour le calcul à l’IN2P3, son insertion dans le contexte national et international et les différentes évolutions possibles. Pour cela, nous sommes bien sûr en contact très étroit, avant tout avec Pierre-Etienne Macchi, le directeur du Centre de Calcul, mais aussi avec Vincent Breton, le directeur de l’Institut de Grilles et du Cloud et Fairouz Malek, responsable de LCG-France. De part son expérience, Giovanni a déjà tous les liens avec les personnes sur le terrain, de mon côté j’apporte les contacts institutionnels.
- Quelles sont les priorités en matière de calcul pour les prochaines années ?
La première priorité est bien sûr d’assurer le calcul pour le LHC, et cela veut dire également de se préoccuper des nouvelles technologies et des possibilités du calcul parallèle dans nos domaines de recherche. Ensuite, il y a de nouveaux défis à venir avec le traitement des données de LSST, d’EUCLID et de CTA, pour lesquels les modèles de calcul restent encore à préciser. Ces expériences sont actuellement en train de définir leurs modèles de calcul et leurs besoins. Tout cela va devoir se faire dans un contexte budgétaire qui restera tendu pour les prochaines années, mais dans lequel assurer notre excellence dans le domaine du calcul pour servir nos communautés scientifiques restera une priorité à l’IN2P3. Au-delà, il est important de s’organiser au niveau européen pour pouvoir répondre efficacement aux appels H2020. L’initiative EU-T0 portée par Giovanni, qui a pour but de fédérer les centres de Tier 1 en Europe, s’inscrit dans cet effort. Dans ce sens, nous participerons également à revoir les compétences de chacun des organismes en France, afin d’avoir des structures claires, avec un minimum de déperdition. Dans ce contexte, il est important pour nous d’assurer la place du Centre de calcul comme un des piliers de la stratégie française en matière de calcul.
PROPOS RECUEILLIS PAR GAELLE SHIFRIN