n°10
Mars
2010
Rapport sur le Nomadisme à l’IN2P3

Le nomadisme (dans son sens général) est devenu une nécessité dans l’exercice de nos métiers. Ces déplacements sont aussi de fait une contrainte dans nos vies. Le nomadisme « numérique » est un confort qui rencontre un grand succès car il est un moyen pour « adoucir » ce type de contraintes. Le nomadisme numérique est devenu un comportement naturel qui déborde largement de notre activité professionnelle vers notre vie privée, à moins que cela ne soit le contraire...car il a déjà très largement investi la société. Ce serait une erreur de considérer cela comme du gadget. La même idée présidait à l’époque des tout premiers téléphones portables. Il ne fait aucun doute que le « terminal numérique » capable de se connecter à Internet rapidement et partout sera un standard dans quelques années. Saurons-nous nous adapter dans nos organismes ? En effet, le confort à des conséquences non négligeables. Il impose des forces de « torsion » qui éprouvent nos architectures traditionnelles et leurs principes de fonctionnement.

Pour tenter de clarifier ce que signifie le nomadisme dans notre activité un groupe de travail a mené une étude qui s’est concrétisée fin 2009 par un rapport d’analyse et de prospectives. Celui-ci a notamment tenu compte d’un sondage réalisé auprès des personnels de l’IN2P3. Afin de fixer le périmètre de l’étude une définition a été donnée au terme « nomadisme numérique » :

« On peut considérer que l’on se trouve en situation de nomadisme dès lors que des ressources informatiques professionnelles (matériels, logiciels, données) sortent du périmètre central du système d’information d’une unité ou bien sont utilisés depuis l’extérieur de ce périmètre de façon autonome ou connectée. »

Cette définition pose en elle-même une des premières constatations que l’on peut faire dans ce paysage qui se met en place, c’est le mélange des sphères. C’est-à-dire que du matériel, des données ou des services professionnelles sont de plus en plus en interactions, voire en concurrence, avec d’autres entités. Par exemple, avec l’informatique domestique (59% des personnes déclarent se connecter vers leur unité depuis le domicile plusieurs fois par semaine et 19% au moins un fois par semaine) Ou encore avec les offres des divers acteurs sur Internet (18% déclarent utiliser professionnellement une messagerie autre que celle de leur unité). On constate aussi l’utilisation de divers moyens tiers (postes en libre service, réseaux communautaires...).

Ce qui est aussi notable c’est l’introduction montante d’équipements dits « hyper-mobiles » c’est-à-dire de type smartphone , de mini-PC, ou de micro-ordinateurs traditionnels équipés de moyens de connexion haut-débit par le biais du réseau téléphonique cellulaire (3G). Environ 15% des personnes ont déclarés utiliser de tels équipements.

Ce qui pose problème c’est que tous ces choix et comportements individuels débouchent sur des habitudes qui s’installent et qui ne sont pas du tout homogènes. Cette situation est de nature à fortement handicaper les équipes informatiques qui voient les moyens qu’ils gèrent « s’évader », mais en plus les solutions utilisées ne sont plus forcément celles qu’ils préconisent ou qu’ils ont testées. Et ce, tout en gardant leur mission de support auprès des utilisateurs. Une situation qui finira, non seulement par pénaliser les utilisateurs, mais notre organisme tout entier aussi.

Un autre aspect crucial est la gestion de la sécurité. Il est clair que le nomadisme est un point de tension important de ce côté là. Les motifs sont nombreux, vols de matériels et des informations qu’ils portent, risques sur la confidentialité, attaques virales, piratages divers et tentatives d’intrusions, utilisation de moyens peu sûrs etc, etc. La sécurité doit être perçue comme un avantage qui permettra, au final, d’apporter plus de services et de qualité

Les propositions du rapport visent à poser un principe volontariste, « prendre le taureau par les cornes » en quelque sorte. C’est-à-dire ne pas se laisser dépasser technologiquement, accepter et intégrer le phénomène de société, de toute façon incontournable, et comment gérer optimalement le nomadisme et en tirer des avantages au bénéfice de notre activité scientifique.

Ces propositions sont au nombre de six :

- Mettre en place une politique d’équipement de base permettant à chacun de disposer des moyens de base nécessaires dans son activité.

- Intégrer l’hyper-mobilité dans notre paysage parce que la technologie pousse dans ce sens mais aussi parce qu’elle pénètre insidieusement dans nos unités.

- Insister sur la qualité de service et du service qui permettra d’instaurer la confiance quant à leur disponibilité et à l’adéquation du support.

- Mettre en place les applications collaboratives manquantes pour éviter les tentations vers des solutions externes et la fuite des données et des services.

- Adapter la sécurité parce que cela permettra plus de confiance et une meilleure prise en compte du nomadisme.

- Mettre en place un observatoire des technologies numériques nomades pour créer un pôle de compétence permettant d’évaluer, d’anticiper, de proposer.

Le rapport complet est disponible à cette adresse : http://informatique.in2p3.fr/?q=node/527.

Serge BORDERES

Interview

Holger Marten

Travail collaboratif

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